Expulser un locataire, comment faire ?
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Expulser un locataire, comment faire ?

Êtes-vous confronté à des difficultés avec votre locataire ? Manquement au paiement du loyer, dégradations du bien, nuisances au voisinage, ou occupation illégale de votre propriété sont des problèmes courants que rencontrent de nombreux propriétaires.

Si vous envisagez de mettre fin au bail pour récupérer votre bien, sachez que l'expulsion d'un locataire est une démarche encadrée par des règles strictes. Il est crucial de connaître les motifs légitimes pouvant justifier une expulsion, les procédures à suivre, ainsi que les droits et obligations de chacun une fois l'expulsion réalisée. Dans cet article, nous allons vous guider à travers les étapes nécessaires pour mener à bien cette action tout en respectant la législation en vigueur.

Comprendre la légitimité de l’expulsion

L'expulsion d'un locataire n'est pas une décision prise à la légère par le propriétaire. Elle doit être basée sur des raisons valables et légales, tout en prenant soin de respecter les droits du locataire. Explorons ensemble les motifs d'une telle action, ainsi que les droits et les obligations qui en découlent.

Les circonstances justifiant une expulsion

Un propriétaire ne peut pas mettre fin au bail sans une justification solide. Il doit se baser sur l'un des motifs suivants :

  • Le non-paiement du loyer ou des charges, ou des retards fréquents de paiement. C'est la cause la plus commune d'expulsion.
  • La violation par le locataire de ses obligations, telles que l'entretien du logement, le respect du règlement de copropriété, ou l'assurance du logement.
  • La dégradation du logement ou des parties communes, ou la réalisation d'actes de vandalisme.
  • Les troubles de voisinage engendrés par le locataire ou ses occupants, à l'instar des nuisances sonores, les mauvaises odeurs, les comportements violents, etc.
  • L'occupation des lieux sans droit ni titre, soit sans bail valide ou après l'expiration de celui-ci.

Le propriétaire doit prouver les faits avancés, par des moyens comme les quittances impayées, les témoignages, ou encore les constats d'huissier.

La protection légale du locataire

Le locataire jouit d'une protection juridique contre l'expulsion. Il ne peut être expulsé sans un jugement préalable, où un juge examinera le bien-fondé de la demande et la conformité de la procédure. Ce juge peut également proposer des solutions telles que des délais de paiement, ou suspendre l'expulsion pour des motifs sociaux ou humanitaires.

Il est également protégé pendant la période de trêve hivernale qui court du 1er novembre au 31 mars. Cette période peut être étendue dans des circonstances exceptionnelles, comme lors d'une crise sanitaire.

Le locataire a le droit d'être informé et assisté tout au long de la procédure. Il peut demander le soutien d'un avocat, d'un travailleur social, ou bien d'une association de défense des locataires, et requérir aide financière ou logement auprès des services sociaux.

Les obligations du bailleur avant toute démarche

Avant de lancer une procédure d'expulsion, le bailleur doit remplir quelques obligations. La première est de tenter une résolution amiable avec le locataire, en suggérant des arrangements comme un plan de paiement ou une médiation. Ensuite, il doit adresser un commandement de payer par acte d'huissier, donnant au locataire deux mois pour se mettre en règle. Ce document doit clairement indiquer toutes les informations nécessaires au locataire.

Finalement, le bailleur doit respecter le délai de préavis stipulé dans le bail, qui est généralement de trois mois pour un logement non meublé et d'un mois pour un meublé, et informer le locataire de la résiliation du bail par acte d'huissier, en indiquant le motif et la date d'effet.

Les étapes clés de la procédure d'expulsion

Expulser un locataire requiert une procédure rigoureuse avec plusieurs étapes clés. Découvrons ensemble ces étapes indispensables.

La mise en demeure : Un préalable obligatoire

La procédure débute par la mise en demeure du locataire, acte officiel réalisé par un huissier invitant le locataire à régler ses dettes ou honorer ses engagements. Sans réponse, cela peut mener à la résiliation du bail et à l'expulsion.

Cette mise en demeure doit être envoyée dans les deux mois suivant le premier incident de paiement ou manquement. Elle détaille les moyens de régularisation, les recours possibles et les conséquences d'une non-réponse. Elle est essentielle avant toute action légale.

Elle offre une chance au locataire de rectifier la situation ou de contester les motifs de l'expulsion.

La saisie du juge des contentieux de la protection

Si la mise en demeure reste sans effet ou est contestée, le bailleur peut alors s'adresser au juge des contentieux de la protection, compétent en matière de baux d'habitation.

L'action en justice se fait par une assignation délivrée via huissier, avec au moins deux mois de préavis avant l'audience. Le juge examinera l'affaire, en vérifiant la validité du motif d'expulsion, la régularité de la procédure, et les demandes éventuelles de délais.

La décision du juge peut résulter en :

  • Résiliation du bail et expulsion du locataire si les critères sont réunis.
  • Maintien du bail si le locataire a régularisé sa situation ou si les motifs d'expulsion ne sont pas valides.
  • Un report de décision en cas d'autres procédures en cours.

La décision, notifiée par acte d'huissier, peut être contestée en appel dans un délai d'un mois.

L'expulsion effective

Une fois l'expulsion ordonnée, un commandement de quitter les lieux est délivré, donnant au locataire un délai de deux mois pour partir, délai pouvant être allongé par le juge. Ce document précise les modalités de départ et les recours possibles.

Le commandement est également transmis au préfet, capable d'offrir une solution de relogement en urgence.

Si le locataire ne part pas dans les temps, le bailleur peut alors demander le soutien de la force publique, à travers une demande auprès du préfet. Cette étape engage une intervention policière pour assurer l'exécution de la décision judiciaire.

Le préfet peut cependant refuser cette demande si l'expulsion risque de perturber l'ordre public ou en cas de précarité extrême du locataire.

Si accordé, l'huissier accompagné des forces de l'ordre procèdera à l'expulsion, documentée par un procès-verbal officialisant le départ du locataire et la récupération du logement par le bailleur.

Après l'expulsion : Droits et devoirs

L'expulsion d'un locataire entraîne une série de conséquences pour les deux parties impliquées. D'une part, le locataire expulsé a la possibilité de faire valoir ses droits par divers recours, que ce soit pour contester l'expulsion elle-même ou pour obtenir une compensation. D'autre part, le propriétaire doit s'occuper de la gestion du bien immobilier après l'expulsion, en plus de pouvoir réclamer des indemnités et bénéficier d'aides visant à atténuer ses pertes.

Cet article décrit en détail ces droits et obligations.

Les recours possibles pour les locataires expulsés

Un locataire expulsé a plusieurs options pour protéger ses droits. Il peut :

  • Faire appel de la décision d'expulsion rendue par le juge des contentieux de la protection, dans un délai d'un mois suivant sa notification. L'appel met en pause l'exécution de la décision, sauf mention contraire du juge.
  • Former un pourvoi en cassation contre l'arrêt de la cour d'appel, dans les deux mois suivant la notification de l'arrêt. Notez que ce pourvoi ne suspend pas nécessairement l'exécution de la décision.
  • Saisir le juge des référés pour suspendre l'expulsion en raison de circonstances nouvelles, telles qu'une maladie grave ou un handicap.
  • Déposer une requête en rétractation auprès du préfet pour annuler ou reporter l'expulsion, notamment en cas de détresse sociale ou d'absence de relogement.
  • Solliciter une indemnisation de la part du bailleur pour fautes dans la procédure d'expulsion, comme un manquement lors de la notification de la décision judiciaire.

La gestion du logement post-expulsion

Après l'expulsion, le propriétaire doit :

  • Récupérer les clés, soit via l'huissier de justice, soit directement auprès du locataire.
  • Procéder à un état des lieux de sortie, en compagnie de l'huissier ou du locataire, pour évaluer l'état du logement.
  • Restituer le dépôt de garantie au locataire, après déduction des éventuels impayés ou réparations nécessaires.
  • Gérer les meubles laissés sur place en respectant la procédure de saisie-vente, avec l'aide d'un huissier pour l'inventaire et la vente éventuelle.
  • Si nécessaire, remettre le logement en état pour une nouvelle location ou vente.

Les indemnisations et les aides pour les bailleurs

Les propriétaires peuvent réclamer différentes formes de compensation pour les préjudices subis :

  • Réclamer au locataire les loyers et charges impayés, en plus des intérêts et dommages-intérêts, se basant sur le jugement d'expulsion.
  • Demander à la caution ou à l'assurance du locataire le remboursement des sommes dues.
  • Solliciter une aide du fonds de solidarité pour le logement (FSL) pour couvrir les coûts associés aux impayés et aux frais de remise en état du logement.
  • Demander une indemnisation au préfet en cas de refus d'assistance par la force publique pour l'expulsion, notamment en cas de risque pour l'ordre public ou de précarité extrême du locataire.

Conclusion

L'expulsion d'un locataire est une démarche complexe, strictement réglementée par la loi. Cette procédure exige le respect de conditions précises et le suivi de différentes étapes. Le propriétaire doit justifier d'un motif légitime pour procéder à l'expulsion, respecter les obligations préalables, solliciter le juge des contentieux de la protection et requérir l'assistance de la force publique.

D'autre part, le locataire jouit d'une protection légale face à l'expulsion, et a à sa disposition diverses possibilités pour contester cette dernière ou prétendre à une indemnisation. Une fois l'expulsion réalisée, le bailleur est chargé de la gestion du bien et peut aspirer à recevoir des indemnisations et bénéficier d'aides spécifiques.

Considérer l'expulsion d'un locataire n'est pas une mesure à envisager à la légère. Il est vivement recommandé de se faire accompagner par un expert en droit ou en immobilier. Pour toute information supplémentaire sur l'expulsion d'un locataire, ou si vous nécessitez d'une assistance personnalisée, n'hésitez pas à nous contacter.

Nous nous engageons à vous répondre promptement.

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