L’investissement immobilier est-il genré ?
Nombreuses sont les raisons qui poussent les particuliers à investir dans l’immobilier. Parmi les nombreux avantages qu’offre ce secteur, on retrouve notamment la possibilité de se constituer un patrimoine tangible ou encore celle d’augmenter son pouvoir d’achat grâce à des placements.
Toutefois, ce marché censé être accessible à tous semble être le terrain de chasse presque exclusif des hommes. Les femmes ont-elles peu d’appétence pour ce genre d’investissement ? Quelles sont les raisons qui expliquent ce manque de représentativité dans ce milieu pourtant très lucratif ?
Des causes culturelles et historiques
Pendant longtemps, les femmes ont dû faire face à une multitude d’obstacles en ce qui concerne l’investissement en général. Les questions liées à la gestion du patrimoine familial ont toujours été le monopole de l’homme. Ce n’est, par exemple, qu’en 1965 que les femmes mariées ont acquis le droit de travailler librement.
C’est également au cours de cette même année qu’elles ont reçu l’autorisation d’ouvrir un compte bancaire à leur nom et de disposer de leurs biens. Peu après, en 1970, les femmes ont été reconnues par le Code civil en tant que chefs de famille à part entière. Depuis, de nouveaux régimes matrimoniaux ont été mis en place afin de promouvoir l’égalité au sein d’un couple.
Ces efforts sont, certes, louables, mais ne comblent pas encore suffisamment les disparités qui s’observent en matière d’investissement entre hommes et femmes. Certains schémas de l’ancien système subsistant, toutes les femmes ne disposent pas des mêmes facilités pour réaliser leurs investissements. Aujourd’hui encore, dans certaines familles, force est de constater que les décisions liées à l’argent sont prises de façon unilatérale par l’homme.
Selon des études datant de 2017, le ratio de femmes bailleresses dans l’immobilier n’était que d’un tiers en considérant celles qui investissent en couple. Ce chiffre tombait à une pour cinq lorsqu’on se limitait à celles qui investissent seules et sans support quelconque. Il faut donc l’avouer, l’immobilier est un secteur qui gravite surtout autour des hommes. Les congrès, formations ou autres rassemblements relatifs à l’investissement immobilier sont encore des lieux où l’assemblée prédominante est masculine.
Un écart de revenus entre les femmes et leurs homologues masculins
L’un des principaux freins à l’acquisition de biens immobiliers par les femmes est l’écart salarial qui existe avec les hommes. En moyenne, les salaires des femmes sont inférieurs de 15 à 25 % à ceux des hommes. Ainsi, cette différence salariale a un impact direct sur leur capacité d’emprunt et elles se doivent de constituer un apport personnel plus conséquent.
Les femmes disposent donc naturellement de moins d’économies et d’une assurance-crédit plus élevée que les hommes. De ce fait, leur surendettement est une autre des raisons qui expliquent leur réticence à investir dans l’immobilier. Pour les familles monoparentales où les femmes doivent, toutes seules, supporter les charges, la difficulté est plus prononcée. Il faut aussi noter que les banques leur accordent des montants de crédit inférieurs de 10 % à ceux des hommes.
Autre fait limitant, les femmes sont moins susceptibles que les hommes d’obtenir une augmentation salariale lorsqu’elles le réclament. Puisque la plupart ont renoncé à leur carrière professionnelle afin d’être plus présentes pour leurs enfants ou parents, le processus est plus compliqué. Suite à cette démonstration, il est donc évident que les femmes partent avec de nombreux désavantages pour ce qui est d’investir dans l’immobilier.
La question de la confiance en soi
Pour une femme, se lancer dans l’investissement immobilier toute seule peut être effrayant. En effet, la présence marquée de la gent masculine dans ce milieu est souvent intimidante. À pratiquement toutes les étapes de son parcours d’investisseuse, elle devra collaborer presque exclusivement avec des hommes. Depuis l’agence immobilière en passant par la banque, le notariat ou encore l’artisan en charge des travaux, le constat est sans appel.
En outre, le peu de confiance en soi des femmes en matière d’investissement immobilier peut s’expliquer par leur manque de connaissances. L’éducation ou encore le niveau social sont des éléments déterminants dans les choix d’investissement. Elles seront plus enclines à remettre en cause leur légitimité et à subir le fameux « syndrome de l’imposteur ».
Une aversion au risque plus élevée chez les femmes que chez les hommes
De façon générale, les femmes investissent plus prudemment que les hommes. Face aux risques, ces derniers foncent le plus souvent tête baissée. Cette tendance est confirmée par les conseillers de patrimoine qui attestent du profil prudent des femmes comparativement à celui des hommes, qui lui est plus offensif. En matière d’investissement immobilier, les femmes préféreront se focaliser sur des biens qui leur assureront un maximum de sécurité financière.
Elles privilégieront la stabilité financière de la famille à long terme plutôt que les investissements à court terme, mais plus risqués. Elles adoptent facilement une attitude pessimiste en s’inquiétant des prix et de l’instabilité du marché.
Cependant, lorsqu’il s’agit d’immobilier locatif, elles seront plus attirées par les investissements à haut rendement. D’autres femmes ont des croyances limitatives et voient l’investissement en général comme un jeu de hasard ou une activité réservée à ceux qui ont beaucoup d’argent.
Une tendance de l’immobilier genré qui semble s’inverser
De nos jours, l’immobilier genré tend à disparaître. Lorsque les femmes décident de s’aventurer dans le domaine de l’investissement immobilier, leurs rendements n’ont rien à envier à ceux des hommes. Motivées par l’ardent désir d’acquérir leur propre toit, elles n’hésitent pas à se lancer dans l’aventure que représente l’investissement immobilier.
Elles disposent pour cela d’atouts indéniables qui leur permettent d’atteindre efficacement leurs objectifs, tout en se distinguant de leurs homologues masculins. Il s’agit notamment :
● de leur puissante intuition ;
● de leur qualité de négociation ;
● de leur capacité à susciter l’empathie ;
● de leur vision pragmatique ;
● et de leur capacité à se projeter et à discerner la valeur d’un bien.
Ces femmes sont majoritairement célibataires ou divorcées et ont une stratégie d’investissement bien définie. Elles savent précisément pourquoi elles investissent dans l’immobilier et n’hésitent pas à diversifier les risques. Elles s’informent en permanence et maîtrisent les impacts de la fiscalité.
Aussi, l’existence de certaines plateformes facilite énormément l’accès à l’investissement immobilier. N’importe quel particulier disposant d’une maison à vendre ou à louer peut poster une annonce sur LeBonCoin immobilier par exemple.
Selon certains professionnels, les femmes n’hésitent pas à réaliser des aménagements à l’intérieur de leurs propriétés. Cela rend leur logement largement plus attractif et elles peuvent prétendre à des prix de location ou de vente plus élevés.
Aujourd’hui, l’investissement immobilier n’est plus une affaire réservée uniquement aux hommes. Longtemps sous-représentées dans ce secteur, les femmes s’y imposent de plus en
plus. Même si leur nombre est encore minoritaire, il est certain, au regard de la transition qui s’opère, qu’avec le temps, il grandira.