Fiscalité LMP : comment fonctionne l’imposition en loueur meublé professionnel ?

Le statut de loueur en meublé professionnel (LMP) est encadré par les articles 155, 151 septies et 39 C du Code général des impôts. Il permet de louer un bien meublé tout en relevant d’une fiscalité spécifique, distincte de celle du régime LMNP (loueur en meublé non professionnel).

Ce régime est automatique dès que certaines conditions sont remplies. Il modifie en profondeur la fiscalité applicable : impôt sur le revenu (catégorie BIC), cotisations sociales obligatoires, traitement des plus-values professionnelles, etc.

Ce guide synthétise les principales règles fiscales à connaître pour les LMP.

Les conditions pour être LMP

Condition

Détail

Revenus locatifs meublés > 23 000 €/an

Ces recettes doivent être perçues par le foyer fiscal.

Revenus locatifs > autres revenus du foyer

Les recettes locatives meublées doivent excéder les revenus d’activité du foyer fiscal (salaires, BNC, etc.)

Inscription au RCS

Cette condition n’est plus obligatoire depuis 2020 pour être considéré comme LMP (article 155 du CGI, modifié par la loi 2019-1479).

Les seuils de revenus locatifs à respecter

Pour être automatiquement basculé en LMP, deux conditions doivent être remplies :

Ces règles s’appliquent que vous soyez au régime réel ou au micro-BIC.

L'inscription obligatoire au Registre du Commerce (RCS)

Avant 2020, l’inscription au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) était une condition d’éligibilité au statut LMP. Depuis la loi de finances pour 2020, cette obligation a été supprimée.

L’inscription reste néanmoins nécessaire pour obtenir certains droits, notamment en matière d’affiliation sociale (SSI) ou de traitement comptable.

Les conséquences en cas de basculement automatique depuis le LMNP

Le passage du LMNP au LMP peut se faire automatiquement sans démarche du contribuable, dès que les seuils sont franchis.

Ce basculement implique :

Ce changement est rétroactif sur l’année entière, même si le dépassement de seuil intervient en cours d’année.

Quelle fiscalité s’applique au LMP ?

Voici un tableau récapitulatif des règles fiscales applicables au LMP :

Éléments fiscaux

Régime applicable en LMP

Catégorie d’imposition

Bénéfices industriels et commerciaux (BIC)

Régime fiscal possible

Micro-BIC ou réel simplifié, selon le niveau de recettes

Amortissement

Autorisé au régime réel pour le bâti, mobilier, frais d’acquisition

Déduction des charges

Oui, au réel : intérêts, frais de notaire, travaux, assurance, gestion, etc.

Déficit imputable

Oui, sur le revenu global, sans limite (sauf exceptions)

Les revenus imposés dans la catégorie BIC

Comme le LMNP, le LMP relève du régime des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC). Cela signifie que vos recettes locatives sont à déclarer dans cette catégorie, et non comme des revenus fonciers.

Régime micro-BIC ou réel : quelles différences en LMP ?

Vous pouvez, comme en LMNP, choisir entre deux régimes :

En pratique, le micro-BIC est rarement utilisé en LMP, car l'intérêt principal du statut est précisément la possibilité de déduire les charges et d’amortir le bien.

L’amortissement du bien en régime réel

En LMP comme en LMNP, l’amortissement est un levier d’optimisation fiscale majeur. Il consiste à étaler la valeur du bien (hors terrain) sur plusieurs années.

Par exemple :

L’amortissement est déductible du bénéfice, ce qui peut mécaniquement ramener l’impôt à zéro pendant plusieurs années, sans impact sur votre trésorerie.

La déduction des charges (intérêts d’emprunt, travaux, frais divers)

Le régime réel permet également de déduire toutes les charges directement liées à l’activité :

Cette déduction vient en complément de l’amortissement. Si les charges dépassent les loyers, le déficit peut être reporté ou imputé, selon les cas, ce qu’on verra dans la suite.

Comment sont traitées les plus-values en LMP ?

Tableau récapitulatif du traitement fiscal des plus-values en LMP :

Situation

Régime applicable

Particularité

Vente d’un bien en LMP

Plus-value professionnelle

Calculée selon la fiscalité des BIC

Détention > 5 ou 15 ans

Exonération partielle ou totale

Selon l'article 151 septies du CGI

Bien amorti au régime réel

Amortissements réintégrés dans la plus-value

Majoration de la plus-value taxable

Cas d’exonération supplémentaire

Départ à la retraite

Possible si conditions remplies (article 151 septies A CGI)

Plus-value professionnelle vs plus-value des particuliers

En LMP, vous ne relevez plus du régime des plus-values des particuliers comme en LMNP. En cas de vente du bien, c’est le régime des plus-values professionnelles qui s’applique, selon les règles du BIC.

Cela signifie que :

Les taux applicables sont alors :

Les exonérations possibles après 5 ou 15 ans de détention

Il existe deux régimes d’exonération :

Ces exonérations s’appliquent aux plus-values professionnelles, à condition de remplir toutes les conditions.

Que faut-il savoir sur la réintégration des amortissements ?

Depuis la loi de finances 2025, les amortissements déduits pendant la période de location sont réintégrés dans le calcul de la plus-value pour les LMP (et aussi les LMNP désormais).

Autrement dit, plus vous avez amorti le bien, plus la plus-value imposable est élevée à la revente, car elle se calcule sur la valeur nette comptable.

Exemple :

C’est une reprise d’impôt différé, pas un bonus fiscal supplémentaire. Cela reste néanmoins avantageux, car pendant plusieurs années, l’amortissement a permis d’effacer l’imposition sur les loyers.

Fiscalité sociale : quelles cotisations en LMP ?

Tableau récapitulatif de la fiscalité sociale en LMP :

Situation

Régime social applicable

Montant / Base de calcul

Revenus LMP > 0 €

Affiliation obligatoire

URSSAF ou régime général (SSI)

Bénéfices imposables

Soumis aux cotisations

Taux global ~35 % (cotisations sociales indépendants)

Comparatif avec LMNP

Pas de prélèvements sociaux

En LMNP, 17,2 % de prélèvements sociaux, sans affiliation

Régime micro-BIC (rare en LMP)

Cotisations applicables

Même sans charges, cotisations dues dès le 1er euro

Affiliations à l’URSSAF ou au régime général

Dès lors que vous devenez Loueur en Meublé Professionnel, vous devez obligatoirement être affilié à un régime social. Cette affiliation dépend de votre statut :

L’affiliation est obligatoire dès le 1er euro de bénéfice.

Cotisations sociales vs prélèvements sociaux du LMNP

La principale différence avec le LMNP réside dans le type de prélèvements :

Ces cotisations sont plus élevées, mais peuvent être plus intéressantes à long terme si vous souhaitez cotiser ou réduire votre imposition globale via les charges.

Les montants et les calculs selon le régime réel

Le calcul des cotisations en LMP se fait sur le bénéfice imposable, après déduction des charges et amortissements (régime réel).

Les taux varient en fonction des caisses, mais on peut retenir en moyenne :

À noter : en cas de déficit, vous ne payez pas de cotisations, sauf si vous relevez d’un régime forfaitaire avec un minimum.

Quels avantages fiscaux en LMP ?

Tableau récapitulatif des avantages fiscaux du LMP :

Avantage

Détail

Déficit imputable sur le revenu global

Sans plafond, si le chiffre d’affaires est < 90 000 € et que l’activité est exercée à titre principal

Amortissement du bien immobilier

Réduit fortement le bénéfice imposable

Exonération totale de plus-value

En cas de départ à la retraite ou si recettes < 90 000 € et activité > 5 ans

L'imputation du déficit sur le revenu global

L’un des avantages majeurs du LMP par rapport au LMNP, c’est la possibilité d’imputer un déficit d’exploitation non seulement sur les revenus locatifs, mais sur l’ensemble du revenu global.

Cela permet de réduire son impôt sur l’ensemble des revenus du foyer. Deux conditions doivent être réunies pour cela :

Cette imputation est illimitée en montant.

L'exonération totale de plus-value en cas de départ à la retraite ou vente après 15 ans

Lorsque vous vendez un bien après plus de 5 ans d’activité et que vos recettes sont inférieures à 90 000 € sur les deux dernières années, la plus-value professionnelle est exonérée (article 151 septies du CGI).

Autre option : exonération totale de la plus-value en cas de départ à la retraite, si :

C’est un avantage fiscal fort pour ceux qui ont une stratégie patrimoniale à long terme.

La possibilité d’amortir le bien et de générer peu d’imposition

Comme en LMNP réel, le LMP permet d’amortir comptablement le bien immobilier, ses équipements et certains frais d’acquisition.

Cela réduit considérablement le résultat imposable, et donc les cotisations sociales et l’impôt.

Combiné à la déduction des charges, il est fréquent d’avoir un résultat fiscal proche de zéro, même avec des loyers élevés.

Les inconvénients fiscaux à anticiper en LMP

Tableau récapitulatif des inconvénients fiscaux du LMP :

Inconvénient

Détail

Obligations comptables renforcées

Tenue de comptabilité complète, liasse fiscale, bilan, etc.

Cotisations sociales obligatoires

Environ 35 % du bénéfice imposable, dès le 1er euro

Réintégration des amortissements à la revente

Augmente la plus-value professionnelle imposable

Les formalités comptables sont plus lourdes

Contrairement au LMNP micro-BIC, le LMP nécessite une comptabilité complète :

L’accompagnement par un expert-comptable est indispensable, ce qui engendre un coût annuel (entre 600 à 1 200 € HT).

Les risques d’imposition à la revente en cas d’amortissement important

Les amortissements pratiqués au fil des années viennent réduire le résultat, mais ils sont réintégrés dans le calcul de la plus-value professionnelle à la revente.

Cela peut donc augmenter la base imposable, sauf si l’exonération de l’article 151 septies s’applique.

À noter : même avec cette réintégration, la fiscalité globale reste souvent plus avantageuse que celle des revenus fonciers classiques.

Les cotisations sociales dès le premier euro de bénéfice

En LMP, il n’y a pas de seuil de franchise : les cotisations sociales sont dues dès 1 € de bénéfice.

C’est une charge supplémentaire par rapport au LMNP, où seuls les prélèvements sociaux de 17,2 % s’appliquent.

LMP ou LMNP : quelle fiscalité est la plus avantageuse ?

Tableau comparatif entre LMP et LMNP :

Critère

LMP

LMNP

Déficit imputable

Sur le revenu global (si conditions remplies)

Seulement sur les revenus de location meublée

Cotisations sociales

Dès le 1er euro de bénéfice (~35 %)

Prélèvements sociaux à 17,2 %

Plus-value

Plus-value professionnelle

Plus-value des particuliers

Exonération de plus-value

Possible après 5 ou 15 ans

Totale après 22 ans (IR) et 30 ans (PS)

Amortissement

Oui (en régime réel)

Oui (en régime réel)

Comptabilité

Obligatoire (bilan, compte de résultat)

Obligatoire en régime réel

En fonction du niveau de revenu et de la durée de détention

Le LMNP reste plus adapté aux petits investisseurs :

Le LMP devient pertinent si :

En fonction de la stratégie patrimoniale (cash-flow vs plus-value)

En LMNP, on mise sur le cash-flow net optimisé grâce aux amortissements, tout en bénéficiant de la fiscalité douce des plus-values des particuliers.

En LMP, la logique est différente :

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